Exister, le plus intime et fragile des sentiments
C’est le troisième volume de Robert Neuburger que je lis. Dans chacun des ses livres, il traite de questions humaines capitales et le fait de façon simple, magistrale et percutante.
Je vous en livre quelques perles.
«En y réfléchissant, j’ai été conduit à distinguer la vie de l’existence. La vie nous est donnée. Elle demande que nous l’entretenions. Le corps a ses exigences. Nous devons manger, boire, surveiller notre santé. L’existence est autre chose, ce que j’entends par le sentiment d’exister consiste à être en accord avec la façon dont se déroule notre vie.»
Toujours pour décrire le concept d’existence, il cite un survivant des camps de la mort de l’Allemagne nazie, «Nous sommes vivants, maintenant, il s’agira de nous faire exister.»
Pour décrire la dépression, «Ce que l’on appelle “dépression”, qui n’est rien d’autre que la perte du sentiment d’existence...» Ou encore, «Ce que les médecins nomment “dépression” est, selon moi, le fait de ne plus se sentir exister ou, tout au moins, de se sentir moins exister, ce qui se traduit pas le sentiment de ne pas se percevoir d’avenir, de se trouver sans projet, hors du temps.»
«Les « déprimés » n’ont plus qu’à se fier à la médecine pour se sortir de cet état qui les identifie comme des malades. Or il ne s’agit pas d’une maladie, mais du symptôme qu’un événement est venu troubler la construction du sentiment d’exister, entraînant un doute sur le droit de ces personnes à exister dans ce monde.»
Dans le chapitre qui traite de la construction du sentiment d’exister, il examine le concept de la relation qu’il définit « comme étant un échange : j’existe dans le regard de l’autre, l’autre existe dans mon regard. C’est une souffrance de ne plus se sentir exister aux yeux de l’autre, d’être devenu transparent... Mais il ne suffit pas d’établir des relations inter personnelles pour exister, encore faut-il que ces relations se situent à l’intérieur de cercles d’apparte-nance.» tels que le couple, la famille, le syndicat. On parle donc d’attachement et de là, de loyauté et de confiance.
J’ai souvent du mal à savoir s’il s’agit de culpabilité ou de honte. Il répond simplement, «La honte nécessite la présence d’un tiers. Sinon, c’est de la culpabilité.»
Autres titres de Neuburger que j’ai aimés : On arrête ?.. On continue ?, Faire son bilan de couple et Le Mythe familial.
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