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La réussite à contre-courant des écoles finlandaises


Le drapeu finlandais


Comment les écoles de ce pays de cinq millions d’habitants réussissent-elles à occuper les premières places du classement PISA ?


Qu’est-ce PISA ? Voir ci-bas


Faut-il souligner que la Finlande s’est affranchie de ses voisins envahissants, russe et soviétique il n’y a que quelques décennies et pourtant...

En 1994 j’ai voyagé de Moscou à Saint-Petersbourg à bord d’un train russe et de Moscou à Helsinki à bord du train Jean Sibelius. Quel contraste entre le train russe désuet, nauséabond, malpropre et inconfortable et le train finlandais rutilant, douillet et climatisé.


C’est le même choc que j’ai subi en franchissant la frontière entre la Russie et la Finlande. D’un côté, l’incurie, le marasme, le désordre, la misère ; de l’autre, pas la richesse car la Finlande était en dépression économique à cette période suite à l’éclatement de l’URSS qui était un de ses importants clients, mais sur les fermes et dans les agglomérations urbaines que le train traversait, on voyait que l’ordre, la propreté et une certaine aisance régnaient


De retour en 2019, comment expliquer la réussite scolaire soutenue des jeunes Finlandais ? Voici la réponse parue dans Books l’été dernier sous le titre, La réussite à contre-courant. Cet article est d’abord paru dans The New York Review of Books le 8 mars 2012. En voici des extraits.


« La Finlande occupe les premières places du classement international PISA depuis une décennie. Elle n’a pourtant appliqué aucun des préceptes en vogue dans le monde, préférant tout miser sur l’autonomie et la formation des enseignants...


« La Finlande a passé les quarante dernières années à mettre en place un système radicalement différent (des Américains G.M.), axé sur la formation des professeurs, où l’évaluation est limitée au strict nécessaire, qui fait primer la confiance et l’autonomie sur la performance et confie la direction des écoles et des académies aux professionnels de l’éducation.


«Pour un observateur américain, le plus étonnant du système éducatif finlandais est que les élèves ne sont pas soumis à des tests normalisés avant la fin du lycée. Les élèves passent des examens, mais ceux-ci sont conçus par leurs professeurs, pas par une multinationale de l’évaluation. Les neuf années de tronc commun sont une « zone sans tests » où on incite les enfants à « apprendre, créer et exercer leur curiosité naturelle ».


« Les enseignants finlandais, nous dit Sahlberg, (auteur de Finnish Lessons 2.0: What Can the World Learn from Educational Change in Finland ?) sont bien formés, bien préparés et très respectés. Leur rémunération est comparable en début de carrière à celle de leurs homologues américains mais supérieure après quinze ans d’ancienneté. Je demande à Sahlberg comment on mesure la performance des écoles et des professeurs en l’absence de tests d’évaluation standardisés. Mais pourquoi mesurer la performance lorsqu’on fait consciencieusement son travail ? me répond-il. « Nos enseignants sont responsables ; ce sont des professionnels. » Et les incompétents ? « Ils n’auraient jamais dû être recrutés, car, une fois qu’un enseignant diplômé est en poste, il est très difficile de le démettre de ses fonctions. » Comment réagiraient les enseignants finlandais si on leur disait qu’on allait les juger aux performances de leurs élèves ? « Ils démissionneraient et ne reviendraient qu’une fois que les autorités auraient abandonné cette idée saugrenue. » ...


« Au terme de neuf années de tronc commun, au cours desquelles ils ne sont pas notés, les élèves s’orientent vers la voie générale ou la voie professionnelle. Environ 42 % optent pour cette dernière. Le taux d’achèvement de l’enseignement secondaire est de 93 %, contre environ 80 % aux États-Unis.


« La formation des enseignants est au cœur de la stratégie de réforme du système finlandais. Seules huit universités sont habilitées à préparer au professorat, et la sélection à l’entrée est très stricte : seul un candidat sur dix est admis. Il n’y a pas d’autres moyens d’accéder à la carrière. Les candidats admis doivent avoir suivi au lycée des cours de physique, de chimie, de philosophie, de musique et d’au moins de deux langues étrangères. Tous passent ensuite par un premier cycle universitaire classique avant de préparer un master. Les enseignants qui veulent se spécialiser dans une matière doivent obtenir un master dans cette discipline, et non, comme aux États-Unis, être diplômés en sciences de l’éducation ou d’une école de formation au professorat. Chaque candidat est formé à enseigner à toutes sortes d’élèves, y compris ceux qui sont handicapés ou ont besoin d’un enseignement adapté.


« L’accès à la carrière d’enseignant étant difficile et la formation rigoureuse, la profession est respectée et prestigieuse en Finlande. La sélection et les exigences sont telles que presque tous les professeurs sont bien formés. Ils choisissent cette voie avec le sentiment d’être investis d’une mission, à laquelle ils ne renonceraient que « s’ils devaient perdre leur autonomie professionnelle » ou « si une politique de rémunération au -mérite était mise en place », écrit Sahlberg. Pendant ce temps, les États-Unis infligent à leurs enseignants exactement ce que leurs collègues finlandais trouvent si dommageable sur le plan professionnel : les juger à l’aune des résultats aux tests de leurs élèves.


« Les programmes finlandais définissent les connaissances qui doivent être acquises, mais pas le contenu des cours ni les méthodes. Figurent notamment aux programmes une langue maternelle (le finnois ou le suédois), les mathématiques, des langues étrangères, l’histoire, la biologie, les sciences de l’environnement, la religion, l’éducation civique, la géographie, la chimie, la physique, la musique, les arts plastiques, des activités manuelles, l’éducation physique et la santé.


« Les enseignants ont toute latitude dans chaque établissement pour décider quoi enseigner et de quelle façon, et comment mesurer les progrès de leurs élèves. Pour les éducateurs finlandais, « chaque enfant a le droit, dans le cadre d’une scolarisation normale, à une aide personnalisée fournie par des professionnels qualifiés ». Pasi Sahlberg estime qu’environ 50 % des élèves reçoivent une forme ou une autre de soutien pédagogique durant leurs premières années de scolarité. Professeurs et directeurs discutent régulièrement des besoins des élèves et de l’établissement...


« Les professeurs conçoivent leurs propres méthodes pour mesurer les progrès et évaluer les besoins de leurs élèves. Ils font de leur mieux par conscience professionnelle : ce n’est pas la crainte d’être licenciés ou l’espoir de toucher une prime qui les motive mais leur travail lui-même. Et ils cherchent à insuffler cette motivation à leurs élèves. En l’absence de tests permettant de comparer leurs élèves et leurs écoles, les enseignants doivent compter sur la soif d’apprendre des enfants. »


En bref, une comparaison avec notre système, les jeunes finlandais qui veulent pratiquer une profession prestigieuse doivent acquérir une formation processionnelle sérieuse. En retour, ils jouissent d’une autonomie pédagogique énorme et leurs élèves brillent aux tests de PISA.


PISA est un acronyme pour Program for International Student Assessment en anglais ou Programme international pour le suivi des acquis des élèves en français.

Il s’agit d’une enquête à grande échelle, environ 80 pays, organisée par l'OCDE (l'Organisation de coopération et de développement économiques) pour évaluer les compétences des élèves de 15 ans dans différents domaines.


Cette enquête, qui est menée tous les 3 ans depuis l’an 2000, est devenue la référence mondiale pour mesurer les performances des systèmes éducatifs dans différents pays (membres et non membres de l'OCDE).


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