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Comment gérer son anxiété et sa tergiversation (procrastination)

Soit dit en passant, je vois un lien entre ces deux phénomènes ; la personne anxieuse peut être portée à remettre à plus tard ce qu’elle doit faire parce qu’elle a peur de l’échec ou tout au moins considère anxiogène la tâche à accomplir. Si je ne suis pas bon en maths, je peux être porté à repousser un travail scolaire ou le bilan que je dois produire par crainte de m’y tromper. Notez que je ne serai pas nécessairement conscient de l’anxiété que la tâche produit en moi.


Je veux vous entretenir brièvement de deux chapitres du dernier livre de Daniel T. Willingham, Outsmart Your Brain. J’aime les écrits de Willingham parce qu’ils sont concis et clairs.


J’ai acheté ce volume parce que j’ai beaucoup aimé son précédent intitulé Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école. (Traduit en français). Il m’a fait réfléchir. Je viens de découvrir qu'il se vend un cahier d'exercices (workbook) pour accompagner son livre Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école.


Son deuxième livre publié cette année, intéresse particulièrement les étudiants et les enseignants mais deux des chapitres touchent un fort pourcentage de la population, soit l’anxiété et la tergiversation.


L’anxiété

Il intitule ce chapitre Comment faire face à l’anxiété. (Tous les titres de chapitres débutent par comment faire face à....) Oui, c’est un livre de recettes, mais fondées sur la recherche empirique. Le titre du chapitre précise qu’il s’agit bien de «faire avec» ou de «composer» avec l’anxiété car cette anxiété est normale et nécessaire. Elle prépare le corps à se battre ou à fuir.

Par contre, parfois, elle nous informe qu’il y a peut-être un danger inconscient et inexistant. Une fois le danger débusqué, il vaut mieux poursuivre la tâche même si nous vivons toujours de l’anxiété car c’est une façon de convaincre le cerveau que la situation n’est pas dangereuse même si nous vivons des symptômes d’un danger -- imaginaire.


D’ailleurs, lors de traitements de désensibilisation pour guérir d’un choc post-traumatique, le thérapeute amène graduellement le client dans la situation physique qui lui rappelle l’incident traumatique afin que le cerveau brise l’association que celui-ci a fait entre la situation et sa peur. C’est comme si on disait au cerveau, «Tu associes ce lieu au danger, mais enregistre maintenant le fait qu’il n’y ait plus de danger à être en ce lieu. Donc, il n’y a plus de raison d’être anxieux. Ton conjoint t’a frappée, mais il n’y pas de danger en ce moment ici.»


L’anxiété n’est pas dangereuse même si dans des cas extrêmes on peut la confondre avec une crise cardiaque.


Willingham nous donne d’autres conseils, certains négatifs – quoi ne pas faire et d’autres positifs – quoi faire comme la méditation de pleine conscience.


La tergiversation

L’autre chapitre qui nous concerne tous porte sur la tergiversation. Ce phénomène très humain et très répandu sert à mieux se sentir en ce moment précis, à éviter les désagréments de l’ici maintenant.


Au lieu de tondre le gazon par une journée torride, je me rafraîchis en buvant une bière froide tout en promettant à ma conjointe que je le tondrai après ma (première) bière. Ou encore, au lieu de préparer mes déclarations d’impôt maintenant, je joue en ligne ou je fais toute autre chose plus agréable repoussant ainsi la corvée.

Plus l’activité à faire nous est désagréable ou plus l’activité alternative (la bière ou jouer en ligne) est agréable, plus nous tergiversons.


Un autre aspect que soulève Willingham est celui-ci : le plaisir futur ou le désagrément à venir à moins de pouvoir que le plaisir ou le désagrément actuel.


Il donne l’exemple suivant : Supposons que votre médecin vous a recommandé de diminuer votre consommation de sucre et que je vous offre à déguster un morceau de gâteau au fromage lors de notre repas de dimanche prochain, dans une semaine, il vous serait facile de refuser en alléguant la recommandation de votre médecin parce que ce délice se situe loin dans le temps. Par contre, si je vous offre ce même gâteau maintenant, il vous sera beaucoup plus pénible de décliner mon offre.


De même, si vous avez peur du dentiste, il vous sera plus facile d’accepter un rendez-vous dans un mois que la semaine prochaine et encore moins demain.


C’est ce que j’observe dans ma pratique. Il m’arrive qu’on annule un rendez-vous prévu le jour même de la rencontre ou le lendemain. Il arrive aussi que des personnes me demandent un rendez-vous d’urgence. Or, j’ai remarqué que lorsque j’offre une rencontre la journée même de la demande, il arrive souvent que la personne refuse malgré l’urgence. pourquoi ? Plusieurs explications sont possibles, mais je suis convaincu que parfois la véritable raison est la peur de se livrer ou de confronter une certaine réalité. Ces refus arrivent plus souvent lorsqu'il s’agit d’un couple. Or, le bruit court que les hommes sont plus réticents que les femmes à consulter en thérapie !


Nous savons tous qu’on est porté à repousser dans le temps ce qui nous fait peur.

Comment contrer la tergiversation ?


Willington en énumère quelques moyens. Selon lui, le plus puissant est, non pas celui qu’on vous a probablement enseigné, soit de faire montre de volonté, mais plutôt un autre que tout parent qui travaille à l’extérieur a dû apprendre, soit établir des habitudes et des routines.


Quand vous vous assoyez pour travailler à l’endroit habituel, il n’est pas question de tergiversation parce vous ne prenez pas de décision. De même quand vous faites votre toilette, vous suivez une séquence de gestes sans vous posez grande question.


C’est d’ailleurs ce qu’on propose aux parents surtout si leurs enfants souffrent de TDA. Quand les parents font une liste de choses à faire du lever jusqu’au départ pour l’école sous forme de pictogrammes ou de mots, c’est qu’ils ont appris l’efficacité des habitudes qu’on accomplit sans trop réfléchir. Si vous conduisez un véhicule muni d’une boîte de vitesse manuelle, vous appréciez sans doute l’efficacité, voire la nécessité des habitudes ou des routines.


Un autre moyen. Si vous avez cessé de fumer ou de consommer de l’alcool, vous connaissez aussi l’importance du soutien des autres. Faute d’obtenir leur soutien ou en plus, on peut utiliser certains sites web pour suivre son progrès. En voici quelques-uns que l’auteur propose : stikK, 21habit, Beeminder.


Une dernière considération. Certaines personnes se sabordent ou se sabotent en proclamant “Je n’étudierai pas en vue de mes examens parce que si j’étudie et que je coule, je me sentirai idiot.”


Ces deux livres de T. Willingham, Outsmart Your Brain et Pourquoi les enfants n'aiment pas l'école ! valent leur coût d’achat.


Bonne lecture



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