Heureusement, Oui. Je cite la chronique de Normand Baillargeon dans Le Devoir du 3 décembre dernier.
«Le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) de Montréal vient, pour la deuxième année de suite, de remporter le prestigieux Prix d’excellence de l’administration publique du Québec, catégorie éducation.»
Et ce, malgré les faits suivants, « Au CSSMB, 65 % des élèves n’ont pas le français comme langue maternelle ; 35 % fréquentent une école en milieu défavorisé ; enfin, 40 % des élèves passent au privé au secondaire. »
Comment expliquer cette réussite ?
Entre autres, «On a offert à plus de 2000 enseignantes et enseignants une solide formation sur les stratégies d’enseignement validées par la recherche crédible. Ici, pas de demi-journée sur des choses peu crédibles ou peu importantes, qu’on oublie aussitôt et qui se traduisent en à peu près rien de concret. Des contenus validés, applicables, avec en prime la connaissance de ce qui est parfois promu et qui ne fonctionne pas — notamment ces légendes ou mythes pédagogiques encore trop répandus.»
Les résultats : «Le taux de diplômation et de qualification (TDQ) des élèves en difficulté et ayant un plan d’intervention est de 72,6 %, soit 15,1 points au-dessus de la moyenne québécoise au secteur public. C’est énorme et atteint très rapidement !
«Le TDQ des élèves nés hors du Québec est de 90, 3 %, soit 9 points au-dessus de la moyenne québécoise. Le TDQ des garçons est de 86 %, soit 12 points de plus que la moyenne québécoise. Quant à celui des élèves en milieu défavorisé, il est de 79 %, soit 4,4 points au-dessus de la moyenne québécoise.»
Un aspect du programme qui a contribué à son succès
« M. Bertrand (DG du CSSMB) me donne celui de la mise en place du soutien au comportement positif (SCP), une pratique validée par la recherche.
«Tout le monde conviendra qu’il est bien difficile de poursuivre ses apprentissages si tu es souvent exclu de la classe.
«Avant l’implantation du SCP, on recensait, par exemple, dans une école secondaire, pour une période allant de septembre à février, 1509 expulsions de classe. La première année où le SCP est implanté, pour la même période, ce nombre baisse à 514. La deuxième année, toujours pour la même période, il baisse à 108.
«Je lui laisse le mot de la fin : « Depuis plus de 20 ans, la recherche en éducation offre des stratégies d’enseignement et de gestion efficaces, ayant un fort impact sur l’apprentissage, le bien-être et la réussite des élèves. Ces puissants leviers, mis en place par nos équipes, ont permis aux élèves du CSSMB de connaître de tels résultats. »
Mon questionnement
Cette chronique démontre clairement qu’on peut aider les élèves à mieux réussir, mais elle m’amène à me poser trois questions.
A) Y a-t-il qu’un seul Centre de services scolaires qui ait pris ce virage ?
B) Comment se fait-il que les élèves nés hors du Québec réussissent mieux que les autres ?
C) Comment se fait-il que le document Promouvoir des savoirs et des pratiques validés par des résultats scientifiques en éducation présenté au Ministre de l’Éducation en 2017 « a été critiqué vertement et a été, sans grande nuance, il faut le dire, rejeté par de nombreux universitaires en éducation » ? D’ailleurs, dans Clermont Gauthier, et al Questions théoriques et pratiques sur l'enseignement explicite rapporte des études qui établissent que « les interventions fondées sur des données probantes sont non seulement peu utilisées dans la formation à l’enseignement, elles sont même paradoxalement décriées par plusieurs universitaires.» P. 113-114
Pour en savoir davantage
• Gauthier, Clermont et al Questions théoriques et pratiques sur l'enseignement explicite, PUQ
• Rapport d’un groupe de travail mandaté par le ministre de l’Éducation (2017) sur la création d’un institut national d’excellence en éducation. Promouvoir des savoirs et des pratiques validés par des résultats scientifiques en éducation, en ligne.
• Willingham, Daniel, Pourquoi les enfants n'aiment pas l'école ! La Librairie des écoles, 2010
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